Invité de l’émission, Grégory Berkovicz est essayiste, docteur en droit public et avocat. Il prône la transformation de la France en une République des provinces libres et souhaite mettre au centre du débat la question de l’hyper décentralisation.
- Grégory Berkovicz Essayiste, avocat et docteur en droit public0
Face à « l’écrasante centralisation politico-administrative française« , la solution proposée par Grégory Berkovicz est la provincialisation, thème qu’il expose dans Libérons nos provinces. Manuel pour transformer la France en République fédérale, sorti en janvier 2025. Il définit la provincialisation comme l’autre nom du fédéralisme. Partant du constat que la République française ne respecte pas sa devise Liberté, Égalité, Fraternité vis-à-vis de ses provinces, il envisage la transformation de la France en une République fédérale. Ce qui induirait une nouvelle Constitution et une nouvelle répartition des centres du pouvoir en dehors de l’actuel centre névralgique parisien.
L’invité s’inspire du modèle espagnol et propose une provincialisation se déroulant en quatre étapes : libérer la Corse, puis les Outre-mer, puis la Bretagne, le Pays Basque et l’Alsace-Moselle, et enfin toutes les autres provinces
Tout d’abord, qu’est-ce qu’une province ? L’invité explique les origines latines du mot, à l’époque de l’Empire romain un territoire disposant d’une grande autonomie par rapport à Rome mais administré par un délégué de l’empire. « On n’est complètement dans le concept d’un territoire qui appartient bien à une certaine centralité mais qui a une autonomie de décision. » Le mot province renvoie également aux provinces, au pluriel, lors du féodalisme en France, où Paris est également l’une de ces provinces.
L’exemple des Länders allemands
Les Länders existent depuis 76 ans, créés au lendemain de la guerre. L’Allemagne est alors divisée en deux, entre États-Unis (accompagnés de la Grande-Bretagne) et URSS. Lors de l’écriture de la Constitution de Bonn, tout a été fait pour ne pas recréer la trop forte centralisation qui aurait permis la montée du nazisme. Les 11 Länders de l’époque, 16 aujourd’hui, se voient attribuer de nombreux pouvoirs et leurs propres ministères pour par exemple gérer l’éducation, la police ou la culture. Ceci fonctionnerait-il en France, pays réputé comme très centralisé ?
Lutter contre l’hyper centralisation
L’hyper centralisation du pays provient pour l’invité de l’avant révolution et de la révolution, lui souhaite lutter contre celle-ci. Pour autant, on parle souvent de centralisation et de décentralisation, mouvement entamé dans les années 90, de l’esbroufe pour Grégory Berkovicz car « la décentralisation en soit c’est l’État qui donne une compétence à un territoire mais qui peut lui retirer à tout moment« . Il fournit une preuve observée lors des discussions autour du budget en France ces dernières semaines, et les annonces de retrait de finances publiques aux territoires. L’avocat, présent au congrès des régions, expliquait à qui voulait l’entendre qu’il ne fallait pas trop s’en alarmer car il s’agissait là de l’argent de poche des régions, celui que l’État donne mais peut reprendre quand il le souhaite.
Quelles compétences pour ces provinces ?
« Toutes les compétence qui sont mieux gérées en proximité qu’elles ne le seraient en niveau central. » On parle alors de subsidiarité, tout ce qui peut être fait à ce niveau, on le fait, sinon on fait remonter au niveau supérieur, et de nouveau s’il le faut. La base est le citoyen, l’unité de base est la commune. « Je ne réponds pas très précisément car l’idée c’est aussi que les compétences et l’organisation des territoires soient un peu à la carte« , les provinces s’organisent alors comme elle le veulent sur leurs compétences.
Pour l’invité, des systèmes similaires existent déjà en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie, voire en Corse avec une entre-deux. Grégory Berkovicz pense qu’il faudrait aller plus loin avec la Corse, « ce serait plus facile, ce serait cohérent avec le mouvement politique engagé, et permettrait de trouver les conditions d’un ancrage de la Corse dans la République Française« . Sortir un peu plus la Corse de l’État français renforçait sa place en France.
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